A l’occasion de « Février sans supermarché » j’ai voulu vous expliquer comment en quelques années notre famille est progressivement passée du « tout supermarché » au « pas de supermarché du tout ».
L’opération « Février sans supermarché » a été lancée en 2017 par le média écologique suisse « En Vert et Contre tout ». L’opération existe en Suisse, en France et depuis 2019 en Belgique. L’objectif est de faire prendre conscience aux acheteurs, qu’il existe d’autres modes de consommation (producteurs locaux, petits commerçants indépendants…). C’est aussi l’occasion de faire part à la grande distribution de notre désaccord avec certaines pratiques comme le suremballage ou le non-respect de la saisonnalité des fruits et légumes par exemple.
Cette année encore, je participe à l’opération « Février sans supermarché » qui finalement ne change rien à mes habitudes puisque le supermarché, je n’y mets (presque) jamais les pieds !
J’entends déjà certains râleurs penser à voix haute : « oui bon, c’est facile de se passer de supermarché quand on habite en ville et qu’on a tout en bas de chez soi, mais à la campagne on fait comment sans supermarché ? ». A cela je réponds que je suis une citadine dans l’âme mais que je n’habite pas en ville, loin de là ! Je vis dans les Yvelines, en grande banlieue parisienne, dans une commune de 2200 habitants (dont beaucoup de gens super sympas qui se reconnaitront) perdue dans une énorme agglomération de 400 000 habitants. Ni à la ville, ni à la campagne. Quand je pars en voiture de chez moi, quelque soit la direction, il y a un supermarché à moins de 5 minutes et de nombreuses zones commerciales aux multiples enseignes. Dans le village il y a une boulangerie, une petite supérette, une pharmacie et le marché le dimanche matin.
J’ai toujours détesté les gros supermarchés, ceux dans lesquels il y a trop de rayons, trop de références et où je n’ai jamais réussi à m’orienter.
Lorsque je faisais mes courses en supermarché, je préférais une plus petite surface, qui n’en restait pas moins de la grande distribution et je vivais ce moment comme une corvée repoussée aussi longtemps que possible ! Malgré cela, je n’aurais jamais cru possible de pouvoir totalement m’en passer ! Et pourtant c’est arrivé…progressivement.
Notre première action a été d’acheter nos légumes chez un producteur local, et quand je dis local, c’est très très local à 3 km de chez nous. Je ne me souviens plus exactement quand nous avons commencé à y aller, mais c’était il y a plus de 7 ans (ma deuxième fille n’était pas née et la première était petite). Au départ c’était surtout pour les fraises et les légumes d’été mais petit à petit son offre s’est élargie. Il propose désormais des légumes toute l’année et des fruits sur une grande partie, à des prix plus que raisonnables. Pour une famille de 4 personnes à l’alimentation très végétale notre un panier hebdomadaire moyen est compris entre 16 et 25€ ! Aller acheter mes légumes à la ferme est un plaisir. Pouvoir discuter avec le producteur, comprendre pourquoi telle récolte est mauvaise, faire le lien avec la météo…est un luxe dont je ne peux plus me passer !
Nous avons continué pendant plusieurs années à tout acheter au supermarché sauf les fruits et légumes. Nous allions à la supérette du village plusieurs fois par mois, mais uniquement en dépannage. Nous allions aussi un peu au marché le dimanche, mais plus pour des achats « plaisirs » que pour le quotidien. Aussi, il y a eu beaucoup de turn-over chez les commerçants et il nous a fallu du temps pour nous y faire des habitudes, nous y avons consommé de plus en plus. Depuis au moins deux ans (peut être plus) nous achetons le frais uniquement au marché le dimanche matin. C’est tellement agréable de connaitre le commerçant, qu’il connaisse nos préférences, nous mette de côté ce qui nous plaira…
En parallèle, toujours il y a environ deux ans, nous avons commencé à fréquenter une épicerie vrac, dans laquelle nous trouvons un nombre de références impressionnant, pour l’épicerie salée, sucrée, les produits d’entretien, d’hygiène et même le maquillage ! Le magasin est très beau, bien conçu et l’épicier super sympa, toujours de bon conseil !
A ce stade, nous ne fréquentions que très peu le supermarché et uniquement pour les articles qu’on ne trouvait ni au marché ni en vrac. Nous faisions le plein une fois par mois, jusqu’à avoir un jour l’illumination ! Ces articles se trouvaient tous dans la supérette du village où nous pouvions nous rendre à pied et être accueilli par un commerçant également très sympa, souriant et avec qui il est toujours agréable de bavarder !
Nous avons donc définitivement arrêté le supermarché fin 2019.
En 2020, je ne suis rentrée qu’une fois dans un supermarché, pendant la fermeture annuelle de la supérette en été !
Cette réorganisation nous a pris du temps, nous avons fait les choses étape par étape sans jamais nous dire « tiens on va arrêter le supermarché ».
Personnellement je ne vois que des avantages à cette nouvelle façon de consommer :
- Tout d’abord, la corvée des courses est devenue pour nous un bon moment de partage et de discussion.
- Nous mangeons mieux ! On ne peut en effet pas se mentir, il est clair que les produits chez le producteur ou au marché sont de bien meilleure qualité !
- Nous ne dépensons pas plus ! Certains prix (notamment en crèmerie) sont certes plus élevés, mais la différence est largement compensée par l’absence de tentation et d’achats inutiles.
- Je vais faire la plupart de mes courses à pied ! Et ça la citadine en moi adore ! Nous sommes obligés de prendre la voiture pour aller à la ferme (mais toujours au décours d’un autre déplacement) et à l’épicerie vrac (c’est mon mari qui s’y rend car proche de son travail).
- Nous nous sentons libre ! Libre de notre consommation, complètement affranchi des publicités et autres têtes de gondoles !
- Ce mode de consommation à largement facilité notre démarche (presque) zéro déchet ... A moins que ce soit l'inverse?
- Nous n’avons pas connu les batailles de pâtes et de PQ ou les longues files d’attente devant les supermarchés pendant le confinement !
J’ai beau chercher, je ne trouve pas d’inconvénient à ce type de consommation !
Je suis bien consciente que dans certains endroits il est plus difficile de se passer complètement de supermarché, que l’offre n’est pas partout la même ! Ce dont je suis en revanche convaincue, c’est qu’il est possible, sur tout le territoire, de réduire ce mode de consommation ! Il existe un peu partout en France des ventes à la ferme, des marchés de producteurs, le réseau vrac se développe de plus en plus... Alors, à l’occasion de « Février sans supermarché » je ne peux que vous encourager à essayer !
https://envertetcontretout.ch/
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