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Photo du rédacteur Luciole & Colibri

Dis moi où tu en es, je te dirai par où commencer

Dernière mise à jour : 24 nov. 2020




Le changement climatique ne fait plus aucun doute actuellement tout comme le lien entre l’activité humaine et ce changement. De plus en plus de personnes se sentent concernées par les préoccupations environnementales, mais au moment de passer à l’action, tout le monde ne relève pas le défi. Par ailleurs, certaines personnes, déjà dans l’action veulent sensibiliser leur entourage à agir. Il n’est cependant pas toujours simple de sensibiliser autour de soi, de trouver les bons mots sans agresser ou passer pour un donneur de leçon. En effet, la personne souhaitant sensibiliser est convaincue de son message, mais son interlocuteur n’est pas toujours prêt à l’entendre et, s’il n’est pas prêt, il n’agira pas ! Comment faire alors pour accompagner l’autre sur le chemin de la nécessaire prise de conscience écologique ?


Je vais ici vous présenter une méthode utilisée en psychologie cognitive et comportementale, l’entretien motivationnel, et l’adapter à l’action écologique.

L’entretien motivationnel est une technique utilisée dans les addictions. Cette technique se base sur le modèle du changement intentionnel de comportement de Prochaska et DiClemente que je vais essayer de vous expliquer. De façon simplifiée, selon ce modèle, la personne passe par différents stades concernant son comportement comme le montre le schéma ci-dessous.


Modèle du changement intentionnel de comportement de Prochaska et DiClemente


Pour faire simple, au stade de la pré-contemplation la personne considère ne pas avoir de problème et ne va donc pas chercher à modifier son comportement (c’est l’alcoolique qui dit ne pas avoir de problème avec l’alcool). Au stade de la contemplation, la personne est consciente d’avoir un problème, mais elle l’attribue à des causes extérieures (« si je bois c’est parce que la vie est trop dure »), la personne est dans l’ambivalence et n’arrive pas à se positionner entre maintenir ou modifier son comportement addictif. Le rôle du thérapeute sera de la faire sortir de l’ambivalence pour la préparer au changement. Quand elle arrive au stade de la préparation, la personne est prête à changer son comportement, elle pourra alors passer à l’action pour modifier son comportement et ensuite le maintenir.


Voyons maintenant comment faire le parallèle avec la prise de conscience écologique.

La personne en pré-contemplation est celle qui doute de l’existence du réchauffement climatique, ou si elle reconnait son existence, remet en cause le lien entre ce réchauffement et l’activité humaine. N’avons-nous jamais entendu certains dire que les phases de changement de températures ont déjà existé, que les périodes de glaciations et plus chaudes se sont succédées, qu’il n’y a rien qu’on puisse y faire… Il sera difficile d’atteindre ces personnes pour les faire changer… Si la personne se montre ouverte, lui proposer d’assister à une « Fresque du Climat » pourra l’aider à prendre conscience des liens de causalité et d’entrevoir un début de prise de conscience. En revanche, si la personne est totalement fermée, je vous conseille alors de ne pas perdre votre énergie à essayer de les convaincre, mais plutôt de vous intéresser aux personnes en contemplation.


Les personnes au stade de la contemplation sont convaincues du changement climatique mais ne font pas nécessairement le lien entre leur comportement et ce changement. Ou, si elles font le lien, estiment que le changement doit venir de plus haut, que modifier leur comportement n’y changerait rien. On peut aussi parfois entendre des discours comme quoi quelques degrés en plus cela ne change pas grand-chose, qu’il pourra être agréable de nager en mer du Nord… Ceux là sont donc dans l’ambivalence, ils reconnaissent le changement climatique, mais ne se sentent pas vraiment concernés pour agir. Ils auront besoin d’informations pour les aider à trouver la motivation. La Fresque du Climat sera ici aussi un outil très intéressant, qui leur permettra de faire le lien entre les comportements humains et le changement climatique et surtout d’entrevoir les conséquences néfastes de ce changement. Vous pourrez également leur proposer d’assister à une conférence, de regarder un documentaire spécialement marquant. Les documentaires Une Vérité qui Dérange (Al Gore) ou Before the Flood (Fisher Stevens) pourront aider à la compréhension. Le film documentaire Demain (Cyril Dion et Mélanie Laurent) plus positif, donnera des idées et l’envie de changement. Une fois bien informées, les personnes passeront au stade de la préparation.


Au stade de la préparation, la personne aura envie d’agir, mais pourra soit ne pas s’en sentir capable, soit manquer d’informations sur les possibilités d’agir. Il sera alors important de lui présenter les différentes possibilités d’action (réduire ses déchets, changer ses modes de transport, réduire sa consommation, acheter d’occasion, faire des économies d’énergie…). Certains ressentiront le besoin de rejoindre une association, pour avoir des conseils et se sentir soutenus, d’autres préféreront chercher l’information et s’y mettre seuls. A ce stade il sera important de rassurer la personne sur le fait que le changement est long à se mettre en place, et que l’important est d’aller à son rythme. Il sera tout de même intéressant d’aider votre interlocuteur à se fixer un premier objectif afin de passer à l’action.

Lorsque la personne passe au stade de l’action, son comportement change, elle va adopter de nouvelles routines, plus respectueuses de l’environnement, son comportement se maintient. Bien souvent, un changement en appelle un autre. Mais si vous observez des personnes qui « limitent » leurs changements à un domaine, vous pouvez à ce stade les orienter vers les autres domaines. Par exemple une famille entrée dans un processus de réduction des déchets pourra être à l’écoute quant à d’autres moyens d’actions (diminuer sa consommation globale par exemple).


Vous vous interrogez peut-être sur la dernière case du modèle : la rechute. En effet, dans le monde des addictions, le changement définitif est difficile à obtenir, la rechute existe. S’en suit alors un nouveau cycle, pré-contemplation, contemplation, préparation, action. Malgré tout, le patient bénéficie de sa première expérience et ne repart pas de zéro.

Il n’y a pas vraiment de rechute en matière d’écologie, je ne connais pas une seule famille revenue du zéro déchet au suremballage, ni de cycliste ayant investi dans un crossover ultra polluant ! Il peut tout de même exister parfois des écarts de conduite, comme par exemple l’achat de produits emballés pendant les vacances, ou le trajet en avion pour aller voir sa famille à l’étranger... Personne n’est parfait et le fait de ne pas réussir en toute circonstance à maintenir son comportement n’annule pas tous les efforts réalisés par ailleurs. Alors inutile de culpabiliser ou d’avoir un discours culpabilisant envers les autres, le tout est de continuer ensemble à avancer !


En définitive, si vous voulez sensibiliser votre entourage, commencez par les écouter afin de savoir où ils en sont dans leur prise de conscience. Ceci vous permettra de leur proposer des informations adaptées à ce qu’ils sont prêts à entendre et à engager ! On agit mieux lorsqu’on est prêt à agir, le tout est d’y aller à son rythme, sans culpabiliser !

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2 Comments


contact
Sep 23, 2021

Merci Mélanie pour ces conseils. C'est très juste !

J'aime bien utiliser l'échelle de Chefurka pour savoir où en est mon interlocuteur.

http://www.paulchefurka.ca/LadderOfAwareness.html

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 Luciole & Colibri
Luciole & Colibri
Sep 30, 2021
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Merci pour ce retour ! En effet l'échelle de Chefurka est un bon outil !

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